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Victime de l’imagerie médicale

Lorsqu’une personne souffre d’un problème musculo-squelettique, il peut parfois être utile d’avoir recours à des techniques d’imagerie médicale pour obtenir une meilleure vue d’ensemble du problème et ainsi planifier les interventions appropriées. Toutefois, il n’est pas rare que les professionnels de la santé fassent l’utilisation d’une technique d’imagerie (résonnance magnétique, échographie, radiographie, etc.) alors qu’il n’était pas nécessaire d’y avoir recours. Alors, ces technologies coûteuses sont sur-utilisées et le public se retrouve avec des informations parfois troublantes sur l’état de leur système musculo-squelettique sans toutefois comprendre leurs implications.

Dans le domaine médical, les différentes techniques d’imagerie sont utiles pour déterminer les conditions sérieuses telles les fractures, les déchirures, les blessures de la moelle épinière, etc. Toutefois, une fois que ces conditions plutôt « sérieuses » ont été éliminées par le médecin, il n’a pas été montré que les tests d’imagerie médicale sont assez sensibles pour expliquer la majorité des inconforts et des douleurs ressenties par le patient(1). Il faut donc interpréter avec prudence les résultats de ces tests. Il ne faut pas devenir une victime de l’imagerie médicale, car le devenir signifie plus de visites chez le médecin, plus de douleur à long terme et un moins grand sentiment de bien-être.

En clinique de physiothérapie, il n’est pas rare de recevoir un(e) patient(e)  avec des résultats de résonnance magnétique (IRM) montrant de multiples hernies discales au niveau lombaire, ou encore un pincement d’une racine nerveuse avec un rétrécissement des canaux des vertèbres en cervical. Le patient se sent alors désemparé en croyant que son problème ne pourra être réparé qu’à l’aide d’une chirurgie et arrive en clinique avec l’idée que son problème ne pourra pas être réglé par la physiothérapie. C’est tout à fait faux! Bien entendu, chaque cas est différent et chaque patient nécessite d’être évalué de façon minutieuse pour déterminer quels sont les problèmes pouvant être travaillés en physiothérapie.

Prenons l’exemple de douleur dans le bas du dos. Lors de l’évaluation en physiothérapie, le physiothérapeute voudra évaluer la quantité de mouvement disponible, s’il y a des raideurs au niveau des vertèbres, s’il y a de la tension musculaire ou encore des muscles manquant de souplesse, etc. Toutes ces choses peuvent être traitées par les différentes techniques de physiothérapie, et ce, sans nécessiter d’avoir des résultats d’imagerie médicale. Au besoin, le physiothérapeute pourra faire une référence pour des tests supplémentaires afin d’ajuster son traitement ou référer vers un médecin spécialiste.

Un autre exemple fréquemment vu en clinique : un patient se présente avec des douleurs au cou qui irradient vers son bras droit. Ce dernier passe une résonnance magnétique et les résultats montrent une hernie discale modérée à sévère entre C6 et C7 (6e vertèbre cervicale et 7e vertèbre cervicale) à gauche. Malgré qu’il y a bel et bien une anomalie qui a été détectée par l’IRM, cela n’explique pas la douleur du patient dans son bras droit, l’hernie est à gauche!

Bref, il faut se montrer prudent avec les tests d’imagerie et il faut éviter de devenir une victime des résultats de ces tests. Bien qu’utiles à des fins diagnostiques, les résultats ne sont pas prédictifs des résultats suivant une thérapie avec un physiothérapeute. L’arthrose, les changements des tissus mous (disques, ligaments) et osseux de la colonne et des articulations font malheureusement partis du vieillissement normal et n’égalent pas douleur et incapacité!

Si vous avez des questionnements concernant vos résultats d’imagerie, pensez être une victime ou voulez éviter de le devenir, n’hésitez pas à consulter un professionnel de la santé qui saura vous guider et vous rassurer!  

 

Andrée-Anne Lorrain M.Sc. pht
Clinique PhysioMédic

 

(1)  APTEI http://www.aptei.com/library/viewReport.jsp?report=867