
Lors de vos séances de physiothérapie, votre thérapeute est amené à choisir parmi diverses modalités afin de réduire votre douleur. Son choix peut se porter vers un appareil d’électrothérapie, tel le TENS (Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation).
Le TENS, combiné à d’autres modalités de thérapie manuelle, est efficace dans la réduction à court terme de la douleur aigüe relative à un trauma, comme une entorse de la cheville, et de la douleur chronique, comme une lombalgie présente de longue date.
Mécanisme d’action
Le physiothérapeute décidera, selon la condition présentée, qu’elles seront les paramètres à entrer dans l’appareil afin de bien traiter la douleur. En effet, le mécanisme d’action du TENS sera modifié selon les données qui y seront entrées.
Il existe 2 mécanismes d’action physiologique au TENS:
Système du portillon
Système descendant des opiacés endogènes
1.Portillon
Vous êtes vous déjà frotté le genou après l’avoir frappé sur quelque chose? Le TENS utilise le même principe; en ajustant les paramètres du TENS, celui-ci vient stimuler la peau et les nerfs sensitifs près de la zone douloureuse. Ceci vient engourdir la douleur et celle-ci devient alors moins détectable par le cerveau. En effet, lors d’une douleur aiguë, les nerfs sensitifs qui transmettent spécifiquement la douleur (fibres D et C) sont irrités et envoient leur message désagréable à une section de la moëlle épinière, qui à son tour, le transmet au cerveau. Cette même section de la moëlle reçoit les nerfs sensitifs qui transmettent, eux, les sensations de toucher/vibration/engourdissement (les fibres ẞ et a). En ajustant les paramètres du TENS adéquatement, celui-ci est en mesure d’engourdir les fibres ẞ et a. Cette grande stimulation non douloureuse fait en sorte que la section de la moëlle épinière qui est irritée par la douleur de la blessure sera sur-stimulée par l’engourdissement, ce qui inhibera la sensation de douleur au cerveau. La sensation ressentie sous les électrodes est un engourdissement très fort, mais non douloureux.
Ainsi, le cerveau ressent moins de douleur, car l’engourdissement du TENS “joue un tour” au cerveau par inhibition de la douleur au niveau de la moëlle épinière.
2. Système descendant des opiacés endogènes
Cette méthode est utilisée dans les cas de douleurs chroniques. Il est connu que lors de douleurs chroniques, des changements dans la plasticité du cerveau surviennent. Alors, l’utilisation du mécanisme vu plus haut ne sera pas efficace, car celui-ci n’agit qu’au niveau de la moëlle épinière. Donc, en modifiant les paramètres du TENS, il est possible de stimuler d’autres fibres sensitives qui, elles, agiront directement au cerveau. De cette façon, une substance, nommées opiacées endogènes, sera sécrétée et agira comme analgésique puissant directement dans “l’ordinateur’’ de la douleur, le cerveau.
L’avantage de cette méthode est que les effets analgésiques perdurent plus longtemps, environ 6 heures, mais il est à noter que cela est plus douloureux au niveau de la peau sous les électrodes.
Méthode
Le thérapeute installera stratégiquement des électrodes dans la région douloureuse à traiter, puis augmentera progressivement l’intensité selon la tolérance du patient. On doit atteindre une sensation d’engourdissement très fort, mais tout de même confortable pour traiter une douleur aiguë. Pour traiter la douleur chronique, l’atteinte du seuil de la douleur est préconisée.
En résumé
Le TENS a cliniquement fait ses preuves comme analgésique temporaire. Il n’est par contre pas “magique”. En effet, d’autres interventions en thérapie manuelle et des exercices spécifiques adéquats doivent être appliqués de façon conjointe si on veut optimiser l’efficacité des traitements de physiothérapie.
Marie-Ève Lévesque
Physiothérapeute